ASSOCIATION DE COOPÉRATION CULTURELLE SERBIE-FRANCE

Un bref aperçu historique

La richesse des rapports et de la coopération entre la Serbie et la France, deux pays qui ne sont pas proches du point de vue géographique, mais qui ont presque toujours eu de bonnes relations, ne cesse de progresser. Nous savons bien que les amitiés traditionnelles entre les nations reposent dans la plupart des cas sur une communauté d’intérêts, qu’ils soient politiques, économiques ou géopolitiques. La France est l’un des pays dont les intérêts ont souvent été liés à ceux de la Serbie, ce qui peut expliquer la quasi absence de conflits ouverts pendant cette longue histoire de contacts. Les relations francoserbes sont complexes, leur origine remonte à la plus ancienne période, avant même la création du premier État serbe, et ce phénomène est d’ordre historique, politique, économique, socioculturel, linguistique et affectif.

Les libertés politiques françaises en général et les idées politiques en particulier ont profondément influencé le développement de la Serbie tout au long du XIXème et au début du XXème siècle. Pendant cette longue période, les rapports francoserbes sont marqués par une forte liaison économique et témoignent des rivalités économiques et politiques entre la France, l’Allemagne et l’AutricheHongrie dans les Balkans. À partir des années 40 du XIXème siècle, de nombreux jeunes intellectuels et artistes serbes se rendent en France pour se former et, à leur retour, une nouvelle impulsion est donnée à l’adoption de la langue et de la culture françaises: ils parlent français couramment, ils diffusent leurs connaissances par leurs métiers et les livres de leurs bibliothèques privées se lisent ou se traduisent. Ils occupent des postes importants dans l’administration, l’éducation ou les cabinets ministériels, fondent différentes associations et lancent des revues. On les appelle les « Parisiens », ils sont porteurs des idées révolutionnaires et libérales, de la langue et de la culture françaises et ils représentent les meilleures médiateurs entre les deux pays et les deux cultures. L’établissement du premier Consulat français en 1838 accentue la présence des Français et le nombre de publications en français.

Les deux dynasties serbes sont francophones, et celle de Karađorđević est particulièrement francophile, car le roi Pierre Ier Karađorđević a vécu et acquis son éducation militaire en France (il a même participé à la guerre contre la Prusse en 1871). C’est pourquoi au début du XXe siècle les relations politiques, qui étaient déjà satisfaisantes, prennent une tournure amicale, de sorte qu’est fondée à Belgrade une société littéraire française, annonciatrice d’autres semblables. Il s’agit d’une association qui, après avoir changé de nom, existe encore aujourd’hui et dont le but est de contribuer au développement des relations culturelles entre la Serbie et la France et au rayonnement de la langue française.

Officiellement, cette association a été fondée en 1904 ; mais la correspondance diplomatique française montre que dès 1891, l’initiative avait été prise de créer un cercle français à Belgrade et ensuite à Niš. On a conservé les règles de fonctionnement du Club français à Belgrade datant de 1903. Ce club, dirigé par Slavka M.H. Antonović, avait une école de langue française et une salle de lecture où les membres se rencontraient, lisaient la presse ou discutaient en français. On envisageait aussi l’organisation de conférences publiques et de soirées ; le fait que le président honorifique était Milutin Nešić, secrétaire au Ministère des Affaires étrangères du Royaume de Serbie, prouve l’importance et la renommée du Club dans la société serbe de l’époque.

On connaît également l’existence de la Réunion française de Belgrade composée de quelques Français résidant dans notre capitale et d’une quarantaine de Serbes. Le rôle de cette société était plus significatif ; son objectif était de promouvoir la langue et la culture française, mais surtout de résister à l’influence grandissante des pays germanophones. Cette société avait un soutien financier de la part du gouvernement français, ce qui permettait l’acquisition de plusieurs journaux et revues français, tels Le Temps, Le Matin, Le Journal, Le Journal des Débats, L’Illustration, La Revue des Deux Mondes, La Revue hebdomadaire etc. Grâce à l’aide des journalistes du Journal des Débats, du Temps et de L’Echo de Paris, ainsi que des diplomates français, l’École des Sciences Politiques de Paris soutenait elle aussi le travail de cette société. Les membres (d’origine française et serbe) devenaient de plus en plus nombreux. Ainsi, à partir de 1907, la Réunion française de Belgrade opère également dans plusieurs villes de province (Kragujevac, Ćuprija, Aleksinac, Kruševac).

Entre les années 1911 et 1914, il existait une troisième association culturelle franco-serbe intitulée Société littéraire de Belgrade, dont le comité directeur était composé des plus hautes personnalités serbes de l’époque, et parmi les membres fondateurs figuraient le roi Pierre Ier et le ministre de France à Belgrade. Les activités de la Société, ayant fondé une bibliothèque avec une salle de lecture, étaient : l’organisation des conférences de personnes renommées, des cours gratuits de langue française, des expositions artistiques, des bourses pour les cours d’été à l’Alliance Française, des prix pour les meilleures traductions de la langue française, la coopération entre les institutions artistiques et scientifiques. L’influence des « Parisiens » a été prépondérante, surtout pour la promotion de la langue et de la culture française, ainsi que pour la création des sociétés littéraires à Šabac, Niš et Valjevo.

La fondation de ces sociétés et clubs français dans les premières années du XXe siècle a créé les conditions idéales à l’épanouissement des influences françaises culturelles, mais aussi économiques et politiques. C’est pourquoi les diplomates allemands étaient préoccupés par le fait que les intellectuels serbes soient séduits par la culture française. La même période a été marquée par la fondation des sociétés franco-serbes en France et par la volonté de lancer à Paris une revue slave qui contribuerait à une meilleure connaissance des peuples slaves en Europe.

 Cette coopération francoserbe prit la forme d’une alliance pendant la Première guerre mondiale ;  pour le peuple serbe, elle représente le point culminant de l’amitié entre les deux pays. Cette alliance entre la Serbie et la France était atypique, car elle reposait sur une identité de valeurs et non uniquement sur des concessions politiques et territoriales. Dans les luttes menées côte à côte contre les mêmes ennemis se forgent des liens bien solides et l’accueil généreux des jeunes Serbes représente pour tout un peuple la preuve ultime et la plus touchante d’une amitié particulière. Et ces jeunes, après la guerre, au retour dans leur pays, propagent la francophilie et la francophonie, transmettant à leur postérité les émotions les plus profondes envers ce pays amical dans lequel, entre les deux guerres, il y avait presque 30 000 étudiants serbes, dont de nombreux boursiers du gouvernement français. Il n’y a aucun doute que l’entre-deux-guerres fut l’époque la plus illustre dans toute l’histoire des relations franco-serbes et qu’il correspond à l’apogée des rapports francoserbes et yougoslaves. L’influence de la France s’est manifestée dans tous les aspects de la vie sociale – dans la politique, l’économie, l’industrie, les sciences, la culture et l’éducation. Aux sentiments amicaux s’ajoutaient des intérêts politiques, économiques et militaires communs. Sur la base de ce sentiment très fort de gratitude, on organise à Belgrade en 1925 la Journée française. L’année suivante on ouvre dans la capitale yougoslave l’école francoserbe SaintJoseph, ensuite l’Institut d’études françaises et, en 1930, on érige un monument consacré à la France avec cette inscription: « À la France – Aimons la France comme elle nous a aimés ». Ensuite, on édifie à Paris les monuments consacrés aux rois Pierre et Alexandre Karađorđević, deux amis fidèles de la France, dont le deuxième perd malheureusement la vie lors d’un attentat à Marseille en 1934.

Changeant une fois de plus de nom, à partir de 1920, notre Association s’appelle la Société des Amis de la France et son premier président est, comme avant la Grande guerre, le célèbre savant serbe Jovan Žujović, président de l’Académie royale serbe. Les années de lutte commune et de collaboration amicale, ainsi que la politique extérieure des deux pays avaient une très grande répercussion sur les activités de l’Association et sur l’intérêt que le côté français lui portait. Parmi ses membres figuraient toujours un certain nombre de Français résidant à Belgrade et le ministre de France en Yougoslavie assistait souvent à ses réunions. Déjà à cette époque de nombreux cercles des amis de la France existaient en province: à Kragujevac, Požarevac, Valjevo, Niš, Leskovac, Veliki Bečkerek, Šabac. D’autres ont été fondés plus tard dans plusieurs villes: Subotica, Vranje, Vršac, Užice, Čačak, Niš, Smederevska Palanka, Kikinda, Stari Bečej, Senta, Sremska Mitrovica, Jagodina, Kraljevo, Negotin, Zaječar, Sremski Karlovci, Sombor.  En plus de ses activités habituelles, pendant cette période ont été publiés l’ouvrage de Grgur Jakšić intitulé Francuska i Jugoslavija u prošlosti  [La France et la Yougoslavie dans le passé], le tiré à part d’un ouvrage collectif (1938) et Knjiga o Francuskoј [Livre sur la France] (1940), composé de textes écrits par d’éminents intellectuels serbes. Bien que l’enseignement de la langue française ne fasse pas partie du programme régulier des écoles élémentaires, en 1930, à l’initiative de l’Association et sous son organisation, le ministre de l’Éducation a autorisé les cours de la langue française dans des lycées professionnels et dans des écoles élémentaires.

Après la Deuxième guerre mondiale, dans une atmosphère politique et sociale tout à fait différente, l’Association a poursuivi son activité, cette fois sous le nom d’Association de coopération culturelle Yougoslavie-France. Elle prolonge sa mission en mettant l’accent sur la coopération avec les intellectuels français de gauche et de nombreuses personnalités de la vie culturelle et politique se succèdent à la tête de l’Association, dont les plus connues sont sont sans doute les écrivains Dušan Matić (de 1957 à 1980) et Mira Alečković (de 1980 à 1991). Parmi les membres du Comité directeur figurent des personnalités (on pourrait dire des célébrités de la vie culturelle, ce qui prouve l’importance de la culture française et la renommée de l’Association) telles que Desanka Maksimović, Ivo Andrić, Isidora Sekulić, Petar Lubarda, Marko Ristić, Milan Dedinac, Veljko Petrović, Stevan Hristić, Risto Stijović, Marko Čelebonović, Vladislav Ribnikar, Vasko Popa (en tant que secrétaire), Mira Trailović. On poursuit l’organisation de conférences, l’accueil d’éminents représentants de la culture française et la collaboration avec la société soeur à Paris. On programmait des concours pour les lycéens, un séjour en France et des livres étaient attribués aux meilleurs. En collaboration avec l’Association France-Yougoslavie à Paris et avec les lecteurs pour la langue serbo-croate (aux universités de Paris, Strasbourg, Lyon, Dijon, Bordeaux, Clermont-Ferrand et à l’École nationale des langues orientales), à partir de 1959 et pendant plus d’une décennie, l’Association Yougoslavie-France a organisé des concours pour les étudiants français inscrits aux cours de langues slaves des facultés des lettres en France (répondant à celui que l’Alliance Française organisait pour les lycéens en Yougoslavie). Les prix attribués aux lauréats étaient trois voyages en Yougoslavie et plusieurs livres. Les candidats ont participé à l’épreuve de rédaction d’un article ayant trait à la Yougoslavie ou à un ouvrage yougoslave (à ses écrivains et leurs œuvres, aux beautés du pays, à l’importance des langues étrangères, aux spécificités du serbo-croate etc.). Il est intéressant de souligner que le jury de ce concours était composé d’éminents membres du Comité directeur de notre Association, dont la plupart étaient des écrivains et poètes connus : Dušan Matić, Desanka Maksimović, Mira Alečković, Miodrag Ibrovac et Dušan Milačić.

Dans les années 1960, 1970 et 1980 existait en fait une fédération des associations qui fonctionnait dans tous les centres des républiques yougoslaves, ainsi que dans plusieurs villes (Novi Sad, Niš, Split, etc.). Le centre de cette fédération était à Belgrade où se tenait régulièrement les assemblées des représentants de toutes les associations. Les rapports des activités montrent que la principale source de revenu était les cours de langue française dont le nombre d’apprenants ne cessait d’augmenter pendant plusieurs décennies. Les parents étaient aussi intéressés par les jardins d’enfants (le premier ayant ouvert dans les années 1960) où les petits apprenaient le français en jouant et en préparant des spectacles. Pendant un de ces spectacles à l’occasion du Nouvel an (tenu le 30 décembre 1960), les enfants ont eu le plaisir de rencontrer l’actrice Branka Veselinović et le chanteur Predrag Gojković. Malheureusement, tous les enfants n’ont pas pu profiter de ces activités car les locaux qui étaient à la disposition de l’Association n’étaient pas suffisamment grands.

C’est à cette époque qu’a débuté pour la première fois l’enseignement précoce du français, ainsi que la formation continue des enseignants. Dans le désir de perpétuer la tradition développée entre les deux guerres à l’école Saint-Joseph et à l’Institut français, ainsi que d’assurer un enseignement moderne et efficace, l’Association Yougoslavie-France initie à partir de l’année 1954 des cours de langue et de la civilisation françaises. Les cours étaient destinés aux enfants prescolaires, à ceux allant aux écoles élémentaires et secondaires, ainsi qu’aux adultes. À partir de 1993, cette école porte le nom d’Hélène d’Anjou, une princesse dont les origines étaient hongroises et françaises mais qui était devenue une reine serbe aimée et respectée dans son nouveau pays et même canonisée par l’Église orthodoxe serbe. L’École réalisait aussi des cours d’été, des soirées poétiques, des projections de films, des pièces de théâtre, des compétitions et des ateliers, préparait et publiait du matériel pédagogique, organisait la formation continue pour les enseignants du français. Dans les années 1990, l’Alliance et l’École décidèrent d’élargir leurs activités aux enseignants d’autres langues aussi par l’organisation de séminaires « Utilisation de la vidéo dans l’enseignement des langues étrangères » et « Diverses ressources dans l’enseignement des langues étrangères » (tous les deux en 1994). En 1995, on commence aussi à publier la revue Glossa, destinée aux enseignants des langues étrangères et traitant de questions de linguistique appliquée, de didactique des langues étrangères, d’enseignement de la littérature, mais qui présentait aussi des publications et des événements autour de ces activités. Entre 1995 et 1998, ont paru 11 numéros de cette revue. L’objectif était d’aider les enseignants en présentant et en publiant des méthodes et des ouvrages de références, en organisant des séminaires et des conférences de didacticiens éminents. Mais le manque de place pour l’école de langue devient de plus en plus grave, elle est obligée de déménager plusieurs fois et cesse d’exister en 2000.  

Les activités de l’Association à la fin du XXe et au début du XXIe siècle

En 1994, une fois de plus, l’Association change de nom pour s’appeler Alliance Yougoslavie-France. Depuis 2002 elle porte son nom actuel et le professeur universitaire et traducteur Ivan Dimić fut son président jusqu’à sa mort en 2004; Jelena Novaković lui succéda, professeur universitaire, traducteur et grand connaisseur des relations littéraires franco-serbes. Vu la diversité de toutes ces activités, l’Association développe la coopération avec plusieurs institutions de culture serbes et françaises, avant tout avec la Bibliothèque de la ville de Belgrade, l’Institut français de Belgrade (ancien Centre culturel français), les Ambassades de France et de Belgique, l’Institut pour les études du développement culturel, Wallonie-Bruxelles International (WBI), la Fondation Ilija Kolarac, le Centre culturel de Lazarevac, ainsi qu’avec l’Association des journalistes francophones serbes, l’Institut de littérature et des arts, le Centre culturel de Serbie en France, le Centre National de la Recherche Scientifique de Paris, etc.

L’Association a célébré le centenaire de sa fondation d’abord à la Fondation Kolarac par une soirée solennelle composée d’interventions de circonstance et d’un programme littéraire et musical approprié et, quelques mois plus tard, par un colloque sur les Relations franco-serbes, 1904-2004, qui a eu lieu aux Archives de la Serbie en octobre 2004. Une publication sous le même titre date de 2005 : réunissant 35 contributions émanant de 38 auteurs, ce volume est marqué par une diversité voulue. À côté de la culture en général, de la littérature, de la langue et de l’histoire en tant que telles, on y retrouve des rapports dans le domaine de la musique, de l’histoire de l’art et des arts appliqués, de la médecine, des sciences, de l’architecture, de l’archéologie, de la critique d’art, de l’économie, de la politique, de la coopération militaire, ainsi que des vues particulières sur l’amitié franco-serbe.

Parmi les activités traditionnelles de l’Association, les plus fréquentes sont les conférences d’éminents savants serbes et français, mais aussi belges et canadiens, ainsi que les présentations des publications (serbes et françaises) traitant des questions littéraires, linguistiques et didactiques autour de la langue et de la culture françaises. Pour illustrer les thématiques très diversifiées des publications présentées, nous allons en énumérer quelques-unes, avec les noms de leurs auteurs: Les mots d’origine française dans la langue serbe (Mihailo Popović), Sémantique et pragmatique des temps verbaux dans la langue française (Veran Stanojević et Tijana Ašić), Comment prendre la parole en langue étrangère (Tatjana Šotra Katunarić), Polyphonies narratives et Le fantastique et l’humour dans le procédé narratif de Marcel Aymé (Marija Džunić Drinjaković), Espace, temps, prépositions (Tijana Ašić), Éducation en France, Culture française contemporaine, Les rapports franco-serbes (Ana Vujović), Recherches sur le surréalisme (Jelena Novaković). On présente aussi des traductions d’œuvres d’auteurs francophones et des actes de colloques, des recueils thématiques (Les tendances dans les études romanes contemporaines), et des revues (Mélusine consacrée au surréalisme serbe, qui a été présentée à Paris aussi). 

 L’Association organise régulièrement des tables rondes et des colloques. Prenant en considération les liens historiques et culturels entre la Serbie et la France, la table ronde intitulée Relations franco-serbes et les intégrations européennes (novembre 2005) montre encore une fois l’appartenance de la Serbie à l’Europe. L’année suivante l’ Association a organisé une table ronde sur la position et le destin de la langue française en Serbie et ensuite, en coopération avec la Faculté de Philologie, un colloque international sur le Surréalisme en son temps et aujourd’hui. Ce colloque est précédé de l’exposition « Autour du surréalisme. Le mur surréaliste serbe : Vane Bor et le mur surréaliste français : Max Ernst et Odilon Redon », au Centre culturel français de Belgrade (aujourd’hui Institut français). Suivent les colloques : Les moralistes modernes (XIXe et XXe siècles) (Faculté de Philologie de Belgrade, 2009), L’Avant-garde : de dada au surréalisme (mai 2014, en coopération avec l’Institut de littérature et des arts et le Musée d’Art contemporain), L’Apprentissage précoce et initial des langues étrangères dans l’enseignement primaire (octobre 2016). Organisé par l’Association de coopération culturelle Serbie-France et l’Association pour les langues et littératures étrangères de Serbie, en coopération avec la Faculté de Philologie, à l’occasion du 50ème anniversaire de l’introduction de l’apprentissage précoce des langues étrangères dans le système scolaire de Serbie, ce dernier colloque international s’est proposé d’étudier les questions concernant l’enseignement/apprentissage des langues étrangères dans le premier degré, y compris les classes préscolaires, tout comme celles de l’enseignement/apprentissage initial des langues étrangères dans les grandes classes du primaire.

L’Association a participé à l’organisation et à la publication des actes d’un des colloques Les Études françaises aujourd’hui, quia eu lieu les 10 et 11 novembre 2011 et qui avait pour sujets « La représentation de l’espace dans les littératures française et francophones » et « Le français : de la forme au sens et inversement ». Les actes, sous la direction de Jelena Novaković, ont paru en 2012. Il s’agit de colloques pluridisciplinaires en littérature, linguistique et didactique, qui ont lieu tous les ans à partir de 2008, organisés successivement par les universités de Belgrade, de Novi Sad, de Kragujevac et, depuis quelques années aussi de Niš, avec le soutien de l’Ambassade de France à Belgrade. Ces colloques ont pour but de réunir les chercheurs, doctorants et enseignants, des Balkans et de France, s’intéressant au français sous toutes ses formes et dans toutes ses représentations, à l’oral comme à l’écrit.

Pour commémorer les 170 ans de l’établissement des relations diplomatiques entre la Serbie et la France, l’Association de coopération culturelle Serbie-France, en coopération avec la Bibliothèque de la ville de Belgrade et dans ses locaux, a élaboré un cycle de conférences qui a eu lieu en 2009 et 2010, ainsi qu’une table ronde en décembre 2012. En publiant en 2015 un volume intitulé  Les Serbes à propos des Français, les Français à propos des Serbes,composé de seize textes fondés sur des bases scientifiques solides, l’Association a marqué les 110 ans de sa fondation par une nouvelle contribution aux études des rapports franco-serbes tels qu’ils se sont développés au cours de l’histoire, en rappelant la constatation toujours d’actualité du professeur Mihailo Pavlović, spécialiste illustre dans le domaine des relations franco-serbes, auquel ce volume est consacré, qu’une telle publication « n’est qu’une possibilité de se rendre compte, grâce à une suite de considérations et d’informations utiles, de toute la complexité et de toute la richesse des rapports dont il y est question ». Ces rapports étaient surtout intenses dans la période de l’entre-deux guerres, comme le montrent les articles sur les Serbes et leur littérature dans la presse française[1].

Il convient de mentionner ici un autre ouvrage collectif par lequel l’Association a rendu hommage à une autre personnalité émérite. C’est son ancien président, le professeur Ivan Dimić, auquel est consacrée la publication Les Tendances dans les études romanes contemporaines (2008).

Au début du XXIe siècle, l’Association a élargi le domaine de ses activités qui englobent à présent la coopération culturelle avec tous les pays où on fait usage de la langue française (Belgique, Suisse, Canada, pays africains), la participation aux Journées de la francophonie à l’Institut français et l’établissement de relations avec Wallonie-Bruxelles International (WBI), qui a soutenu les manifestations portant sur la francophonie belge.

En mars 2015, l’Association a organisé une table ronde sur La Francophonie et le dialogue franco-serbe ainsi que, en octobre de la même année, à l’occasion des 160 ans de la naissance du poète symboliste belge Émile Verhaeren, le colloque international Le symbolisme en son temps et aujourd’hui (en coopération avec la Faculté de Philologie de Belgrade) et, en décembre, une table ronde sur La Francophonie et la multiculturalité, en coopération avec l’Institut pour les études du développement culturel. L’objectif était de présenter les aspects multiculturels de la francophonie vue des perspectives culturelle, linguistique, littéraire, artistique, historique et politique. En 2016, au même endroit, a eu lieu une table ronde sur La francophonie et la création féminine ayant pour but de présenter et de mettre en valeur, d’une part, les oeuvres d’auteures francophones et, d’autre part, la création littéraire et critique des écrivaines serbes ou d’origine serbe marquées par la francophonie. La même année, au mois de mars, s’est tenue, à l’Institut français, une table ronde sur La culture francophone dans les médias serbes, en coopération avec l’Association des journalistes francophones serbes. L’Association a aussi commémoré les 120 ans de la naissance du peintre surréaliste belge René Magritte, en coopération avec la Faculté de Philologie, par une journée d’études sur le thème: « Le mot et l’image: un dialogue surréaliste », qui a eu lieu le 16 mars 2018, à la Faculté de Philologie de Belgrade.

La coopération culturelle perpétuée par l’Association traite également le domaine des sports. On a organisé, en coopération avec la Fédération serbe de Rugby à XIII, le match de rugby Serbie-France. Consacré au maréchal Franchet d’Espèrey, le match a eu lieu le 7 octobre 2018, dans le cadre de la commémoration de la Première Guerre mondiale et de l’armistice.

En guise de conclusion

Parmi les Serbes, les inclinations francophones sont fondées sur un héritage historique considérable (surtout quand il s’agit de l’amitié née pendant les années terribles de la Première guerre mondiale) et sur une amitié qui a connu ses hauts et ses bas, mais qui est pourtant inscrite dans l’esprit du peuple serbe. Il est incontestable que ce sentiment soutient la francophonie en Serbie et lui donne un support discret et permanent. L’impact de tous les rapports entre la France et la Serbie sur le développement culturel, littéraire, éducatif, scientifique, politique, économique, militaire du peuple serbe est indubitable

Une des influences les plus vastes et les plus fortes s’est forgée et se perpétue toujours à travers l’enseignement de la langue française, dont l’objectif était, entre autres, de former les jeunes générations dans la tradition de la culture française. Voulant promouvoir l’apprentissage de la langue française, l’Association a pris l’initiative d’établir des contacts avec les établissements scolaires (primaires et secondaires) et de participer à leurs diverses activités (conférences, ateliers, pédagogie de projets etc.).

En examinant les débuts et le développement de l’Association de coopération culturelle Serbie-France, l’auteur a mis l’accent sur ses activités plus récentes et sur ses projets. Au cours des décennies de son existence, cette association a plusieurs fois changé de nom, mais non pas le but de ses activités qui relèvent non seulement de la langue, de la littérature et de l’histoire, mais aussi d’autres domaines, tels que l’archéologie, l’économie, la politique, la médecine, la coopération militaire, la peinture, la sculpture, l’architecture, la musique, etc.

Il n’est pas nécessaire de souligner que pour en offrir une image complète de ces divers aspects, on aurait besoin de plusieurs volumes. Notre objectif était de donner, à travers quelques informations utiles et pertinentes, un court aperçu de la diversité des activités de l’Association dans le domaine des relations culturelles franco-serbes et de la francophonie, activités à travers lesquelles se dessinent les relations culturelles entre la Serbie et la France.

Prof. dr Ana Vujović
Université de Belgrade, Faculté de formation des maîtres


[1] Voir: Jelena Novaković, « La littérature serbe dans la presse française à l’époque de l’entre-deux-guerres », Srbi o Francuzima – Francuzi o Srbima / Les Serbes à propos des Français – les Français à propos des Serbes, éd. Jelena Novaković et Ljubodrag Ristić, Univerzitet u Beogradu – Filološki fakultet, Društvo za kulturnu saradnju Srbija-Francuska, Beograd, 2015, pp. 21-38.